Comment construisons-nous notre réalité ?
"Je vois le monde tel que je suis et non tel qu'il est"
Paul ELUARD
Nous cherchons à faire correspondre les informations que l'on reçoit de l'extérieur avec la réduction que nous avons effectué de la réalité.
Nous percevons seulement 7% des informations transmises par nos capteurs sensoriels (vue, odorat, ouïe, toucher ...). C'est à dire que 93% des informations sont en dehors de notre champs de conscience et vont être traitées de manière automatique par notre cerveau.
Dans les années 50, Georges MILLER, a demontré que l'être humain pouvait traiter de manière volontaire entre 5 et 9 informations à la fois (cf loi de MILLER).
A partir de ces éléments, comment construisons-nous notre réalité ?
"La carte n'est pas le territoire"
WATZLAVITCK
Cette phrase chère à la programmation neuro-linguistique nous indique que notre représentation mentale de la réalité n'est pas la réalité réelle.
Combien de fois, n'avez vous pas vu vos clefs de voiture posées sur la table, ou cherché désespérement vos lunettes qui sont sur votre tête ? Ou enfin, être persuadé d'avoir posé quelque chose dans votre garage alors qu'en réalité cela se trouve toujours dans le coffre de votre voiture ?
Cela est dû aux trois mécanismes que nous allons voir maintenant.
1) Suppression ou omission
Ce premier mécanisme est celui qui vous empêche de prendre conscience de quelque chose ou au contraire qui va vous faire focaliser sur un type d'information. Si une information ne rentre pas dans votre champs de conscience, comment pourriez-vous la traiter volontairement ?
Souvent, cela est dû au fait que cette information contredit une conclusion, un apprentissage ou une croyance préexistant. Nous supprimons alors l'information que nous estimons "inutile".
Cette sélection fondée sur les apprentissages passés a été rendue automatique et inconsciente.
Ce mécanisme peut nous empêcher de percevoir les signes subtiles de l'évolution d'une situation et ralentir notre adaptation à la modification du contexte.
De la même manière, vous pouvez focaliser sur certaines informations.
Exemple: Avoir l'impression que tous les hommes toisent les femmes car votre patron vous mène la vie dure ... Et du coup vous supprimez toutes les autres, votre collègue de travail homme, qui vous propose son aide...
2) La distorsion
Notre système cognitif (notre cerveau) va distordre les élèments perçus de l'environnement afin de nous donner une version plus utile ou plus conforme à nos attentes (selon nos critères).
La distorsion augmente ou diminue l'importance de l'information.
Exemple: Au bureau justement, un collègue vous propose son aide sur un dossier, là ou d'autres personnes verraient du soutien, vous vous dîtes qu'il pense que vous ne pouvez pas vous débrouiller toute seule.
A cause de la distorsion, une personne maigre va se trouver grosse, l'anorexie est une forme très poussée de distorsion sur la perception de son corps.
Le rôle de la distorsion sert à réduire "quelque chose de nouveau" à "cela ressemble à quelque chose que je connais". Ceci nous amène à dire que même s'il y a un consensus de la réalité, la réalité complétement partagée n'existe pas et que cela peut mener à des incompréhensions.
De plus, les situations stressantes peuvent faciliter ce phénomène.
3) La généralisation
Il s'agit du transfert de compétences dans un contexte "presque pareil".
C'est aussi le fait de faire une règle ou une loi à partir de quelques exemples; c'est le fondement de nos croyances.
L'interêt est de nous éviter de devoir faire un nouvel apprentissage à chaque situation (heureusement que l'on ne réapprend pas à chaque fois comment on ouvre une porte ! ).
La généralisation est pour nous un processus vital. Pourtant, ce qui est généralisé a d'abord été selectionné (omission) et distordu.
Selon les deux étapes précédentes, on peut en arriver à généraliser du négatif .
Exemple: La croyance que "tous les hommes se sentent supérieurs".
Autre exemple, les phobies.
Ces 3 processus, sont une réduction utile de la réalité. Cependant, si notre synthèse est un peu trop éloignée de la réalité réelle, nos actions risquent d'être en décalage avec ce qu'il faudrait faire.
Nos plus grandes forces peuvent devenir nos plus grandes faiblesses. Il est toujours bon dans une société, un groupe, une famille d'avoir des avis divergeants qui viennent enrichir notre vision de la réalité.
Quand tout le monde pense et voit de la même manière, le groupe est en danger car il risque de ne pas être capable de s'adapter.
Veillez à enrichir votre vision du monde, car les certitudes nous rassurent jusqu'au moment où elles nous enferment.
L'être humain doit pouvoir faire de sa vie un vaste champ d'expériences avec la notion de libre choix à chaque instant